« Se mouiller » : les sécrétions vaginales, la glaire cervicale et la cyprine
The difference between vaginal discharge, cervical fluid and arousal fluid
*Traduction: Caroline Bocquet
Les pertes vaginales, la glaire cervicale et la cyprine sont-elles la même chose ? Pas tout à fait. Nous vous expliquons ici en quoi elles diffèrent, comment les identifier et ce que vous devriez faire si vos flux vaginaux commencent à dégager une odeur, une sensation ou une couleur anormale.
Les principales choses à savoir :
« Sécrétions » (ou pertes) est un terme générique englobant les fluides qui proviennent du vagin
La glaire cervicale est une des sécrétions vaginales : elle évolue au fil du cycle pour empêcher ou faciliter le passage des spermatozoïdes dans le col de l’utérus
La cyprine se crée dans le vagin dans le cadre du cycle de réponse sexuelle humaine
Il vous arrive peut-être parfois que votre vagin soit tout à coup très humide, à tel point que vous allez aux toilettes pour vérifier si ce que vous avez senti couler n’est pas vos règles ou de l’urine. Et lorsque vous êtes excité•e, vous pouvez aussi remarquer une augmentation subite de votre humidité vaginale. Que ce passe-t-il dans votre corps lorsque cela arrive, et quelle elle la différence entre tous ces fluides ?
La glaire cervicale : un aspect des sécrétions vaginales
Si vous ne prenez pas de moyen de contraception, la qualité et la quantité de votre glaire cervicale peuvent évoluer au fil de votre cycle menstruel. Ces changements se produisent dans le col de l’utérus, le passage entre vos organes reproducteurs bas et haut, et constitue une réponse aux fluctuations hormonales d’œstrogène et de progestérone qui préparent votre organisme à l’ovulation, aux menstruations et/ou à une grossesse.
« Sécrétions vaginales » est le terme médical utilisé pour décrire le fluide évacué par le vagin. Il s’agit d’un terme générique. Ces pertes contiennent des cellules du col de l’utérus et du vagin, des bactéries, du mucus et de l’eau. Pendant la ménopause, les personnes produisent généralement moins de sécrétions en raison de la baisse des niveaux d’œstrogène dans leur organisme.
Selon UpToDate, il est normal de relâcher environ une demie à une cuillère à café (2 a 5 ml) de sécrétions blanches ou transparentes, et souvent inodores chaque jour.
Vous pourriez vous sentir plus humide et avoir une libido plus forte à l’approche de votre ovulation : ce phénomène est dû à l’augmentation des niveaux d’œstrogène. La glaire cervicale sécrétée pendant la période d’ovulation apporte une lubrification supplémentaire. La texture (liquide, élastique et collante ou pâteuse) ainsi que la sensation (sèche ou liquide) de la glaire cervicale varie pendant votre cycle menstruel et peut en indiquer les différentes phases. Découvrez-en plus sur les caractéristiques et les évolutions des sécrétions ici.
Qu’est-ce que la cyprine ?
« Dis donc, qu’est-ce que tu mouilles ! » « Alors d’abord, ce sont des sécrétions. »
Le fait de « mouiller » lors d’une activité sexuelle est une réaction physiologique normale pour la préparation au rapport sexuel. Ceci dit, la cyprine est une réponse à la fois psychologique et physiologique.
L’excitation physique féminine commence par la stimulation. L'augmentation du flux sanguin génital provoque la congestion vasculaire (le gonflement des vaisseaux sanguins). L'augmentation de la quantité et de la pression sanguine pousse le flux sanguin (transsudat) vers la surface de la paroi vaginale (1,2). Lorsque vous êtes pleinement excité •e sexuellement, il est normal de ressentir des sensations, des gonflements et de l’humidité dans le vagin. La cyprine est une lubrification créée par le vagin pour permettre une pénétration et des mouvements indolores (2).
Note : Le « sex flush » est causé par la vacocongestion de la peau.
Les facteurs qui stimulent ou entravent la production lubrification vaginale :
La fluctuation des niveaux d’œstrogène tout au long du cycle menstruel
Les préliminaires (ou l’absence de ceux-ci)
Votre état d’esprit
Certains médicaments, y compris les contraceptifs hormonaux
Votre organisme produit moins d’œstrogène au début et à la fin de votre cycle menstruel, votre vagin peut donc être plus sec durant ces périodes. Il peut être frustrant que le corps ne reproduise pas l’état d’excitation que vous ressentez. De plus, les partenaires peuvent parfois confondre la glaire cervicale avec la cyprine et penser que vous êtes suffisamment excité·e.
Lors de vos activités sexuelles, la communication est la clé. Si vous êtes excité ·e mais que votre organisme ne produit pas de cyprine (lubrifiant anatomique), attendez un peu et/ou exprimez ce dont vous avez besoin pour relancer la machine.
Parfois, il suffit d’utiliser un peu de lubrifiant pour le vagin : c’est tout à fait normal et très utile. Une étude a montré que l’utilisation de lubrifiant est associée à des taux de plaisir sexuel plus élevés. Les femmes interrogées au cours cette enquête ont déclaré que le lubrifiant leur permettait d’avoir de meilleures relations sexuelles et que l’augmentation de l’humidité les aidait à atteindre l’orgasme plus rapidement (3).
Si vous ne ressentez pas de désir sexuel et que vous ne produisez pas de cyprine, vous n’êtes peut-être pas pleinement dans ce que vous faites avec votre partenaire ou avez peut-être une faible libido. La ménopause, l’allaitement, certains médicaments et les émotions peuvent aussi influencer le cycle de réponse sexuelle.
Le « squirting » fait-il partie des sécrétions vaginales ?
L’éjaculation féminine est encore un sujet sur lequel il y a beaucoup à découvrir, mais les recherches indiquent que la petite quantité de fluide laiteux qui est parfois libérée lors de l’orgasme pourrait provenir des glandes exocrines, qui se trouvent près de l’urètre chez la femme, également connues sous le nom de glandes de Skene (parfois surnommées la « prostate féminine ») (4). Le « squirting » est considéré comme un type d’« éjaculation féminine » (souvent promue et exagéré par la pornographie) qui pourrait être une forme d’urine diluée expulsée par la vessie lors de l’orgasme (4,5).
Certaines personnes souffrant d’incontinence urinaire pourraient souffrir de fuites d’urine pendant la pénétration ou l’orgasme (4). Ce phénomène est différent du squirting, et si cela vous arrive, vous pouvez en discuter avec un·e professionnel·le de santé : une prise médicamenteuse ou une rééducation périnéale et pelvienne pourrait vous être bénéfique.
Il n’y a aucune raison d’avoir honte du squirting. Il fait partie du large spectre de réponses et d’expériences sexuelles qui rendent les choses si uniques et excitantes.
Comment identifier des sécrétions anormales
Des sécrétions atypiques peuvent indiquer un problème, comme une vaginose bactérienne, une mycose ou une IST, comme la trichomonase. Voici quelques indicateurs de sécrétions anormales :
Couleur : grisâtre, verdâtre, jaunâtre, marronâtre
Volume : quantité abondante, souvent associée à d’autres symptômes, comme des démangeaisons
Consistance : les fluides sont bien plus fins, plus épais ou d'une texture différente
Odeur : désagréable, poisseuse, métallique
En dehors des sécrétions atypiques, il est normal que le fluide vaginal varie pendant votre cycle, ainsi que pendant et après une activité sexuelle.
La glaire cervicale et les sécrétions varient en quantité, en consistance en couleur et en odeur en fonction des phases du cycle menstruel et/ou de la présence d’une infection, de certains médicaments, de facteurs génétiques et du régime alimentaire.
La cyprine est différente de la glaire cervicale : elle résulte de la phase d’excitation du cycle de réponse sexuelle. Après une activité sexuelle, votre glaire cervicale peut avoir été altérée par la cyprine ou le sperme. Il peut donc être trompeur de l’analyser à ce moment-là.
Apprenez-en plus sur l'évolution de vos sécrétions tout au long de votre cycle et notez votre activité sexuelle avec Clue.
Cet article a été initialement publié le 24 octobre 2017.