Le syndrome des ovaires polykystiques et la grossesse
*Traduction: Caroline Bocquet
Les principales choses à savoir :
Chez les personnes souffrant du syndrome des ovaires polykystiques (SOPK), l’ovulation peut ne pas avoir lieu régulièrement chaque mois, ce qui en fait une cause d’infertilité courante
Les personnes souffrant du SOPK peuvent tomber enceintes sans traitement contre l’infertilité, il est donc important d'utiliser une contraception si c'est votre cas, mais que vous ne souhaitez pas vivre une grossesse
Des traitements peuvent aider à avoir des règles régulières et provoquer l'ovulation
Comment le syndrome des ovaires polykystiques affecte la fertilité
Lorsqu'une personne est diagnostiquée atteinte du syndrome des ovaires polykystiques (SOPK), elle s'inquiète souvent de ne pas pouvoir tomber enceinte, même si elle ne prévoit pas d'essayer de concevoir pour le moment (1-4). Savoir que des options s'offrent à elles pour provoquer une grossesse peut les apaiser.
L'ovulation (la libération d'un ovule par l'ovaire) se produit généralement une fois par mois. Les personnes souffrant de SOPK peuvent ovuler moins fréquemment ou moins régulièrement et pourraient être plus susceptibles de faire des fausses-couches. C'est pourquoi le SOPK peut être une cause de stérilité. Pour les personnes qui cherchent à tomber enceintes, le SOPK peut brouiller les pistes, dans la mesure où il leur est plus compliqué de déterminer leur fenêtre de fertilité et de savoir quand l'ovulation aura lieu. Une grossesse peut également mettre plus de temps à survenir si l'ovulation ne se produit qu'une fois tous les quelques mois.
Les individus qui en souffrent sont plus susceptibles d'avoir à suivre des traitements contre l'infertilité que les autres. Mais les recherches montrent qu'au cours de leur vie, les personnes atteintes du SOPK vivront autant de grossesses et auront autant d'enfants (5,6) que celles qui n'en souffrent pas. En fait, la majorité d'entre elles tomberont enceintes et accoucheront sans avoir suivi de traitement hormonal de leur vie (6).
Toutefois, les personnes atteintes du SOPK ont moins recours aux méthodes contraceptives. Et ce même si elles ne cherchent pas à faire d'enfant et que leurs relations sexuelles peuvent mener à une grossesse (rapports hétérosexuels) (5). Certaines pensent qu'elles sont stériles, mais c'est faux. Même si elle n'est pas régulière, l'ovulation peut tout de même avoir lieu. Il est important que les personnes atteintes du SOPK utilisent des méthodes contraceptives si leurs rapports sexuels peuvent induire une grossesse, mais qu'elles ne souhaitent pas tomber enceintes.
Poids, le syndrome des ovaires polykystiques et fertilité
Il existe une corrélation entre le SOPK et l'obésité. L'obésité peut aggraver les symptômes du SOPK et rendre la conception plus difficile (7). Il est souvent recommandé en premier lieu aux personnes atteintes du SOPK en surpoids ou obèse de perdre du poids si elles souhaitent faire un enfant.
Perdre du poids peut augmenter les chances de régulariser les règles et de provoquer l'ovulation (8-10). Parfois, c'est suffisant pour retrouver une ovulation régulière. Mais la perte de poids augmente également les chances d'ovulation et de grossesse lorsqu'elle est combinée à des traitements contre l'infertilité, plutôt que lorsque ces traitement sont menés seuls (11,12). Il est recommandé à toute personne qui essaie de concevoir un enfant de maintenir un poids sain et équilibré pour réduire les risques de complications, comme le diabète gestationnel, l'hypertension artérielle gravidique ou la pré-éclampsie.
Il peut être difficile de perdre du poids, surtout pour les personnes atteintes de SOPK, et il n'y a pas de façon unique d'y parvenir. Souvent, le plus efficace est de faire plus de sport et de réduire le nombre de calories ingérées chaque jour. Les nutritionnistes et les professionnel·le·s de la santé et du sport peuvent vous aider à perdre du poids de façon saine et efficace. Perdre du poids prend du temps, mais même les plus petits changements peuvent faire une différence.
Médicaments et traitements contre le syndrome des ovaires polykystiques
Lorsque toutes les autres causes de stérilité (comme une obstruction des trompes de Fallope, des fibromes ou une oligospermie) ont été évincées, un·e professionnel·le de la santé peut prescrire des médicaments pour provoquer l'ovulation chez un·e patient·e atteint·e du SOPK qui essaie de concevoir.
On observe couramment une résistance à l'insuline chez les personnes atteintes du SOPK. L'insuline est une hormone produite par le corps pour réguler la quantité de glucose (sucre) dans le sang. La résistance à l'insuline a lieu lorsque les cellules corporelles ne réagissent pas normalement à l'insuline, entraînant une augmentation de son taux dans l'organisme (7). L'excès d'insuline perturbe la sécrétion d'hormones produites par les ovaires et l'hypophyse et déséquilibre l'ovulation (7).
La metformine réduit la quantité d'insuline dans le sang pour en faciliter son utilisation par le corps. C'est un médicament utilisé par les personnes atteintes de SOPK pour stimuler l'ovulation (7,13). Il aide parfois les individus à perdre du poids, mais peut aussi causer des douleurs abdominales et des diarrhées (7).
Le clomifène et le létrozole sont des médicaments qui favorisent l'ovulation (13). Le clomifène bloque la réponse du corps à l'œstrogène et le létrozole annihile la production de cette hormone. Les faibles niveaux d'œstrogène ou le manque de réponse à celui-ci peuvent entraîner une surproduction de l'hormone folliculo-stimulante (HFS), qui favorise la croissance des follicules contenant l'ovocyte dans l'ovaire. Ces deux médicaments peuvent provoquer des effets secondaires comme des bouffées de chaleur et ne devraient en général pas être pris pendant plus de six cycles (13).
Combinées, la metformine et le clomifène augmentent significativement les taux d'ovulation, de grossesse et de naissance que prises séparément (13). Le létrozole donne des taux d'ovulation, de grossesse et de naissance plus élevés que le clomifène (14).
Si vous prenez ces traitements et que vous essayez de procréer, il est important d'avoir de relations sexuelles pendant la période d'ovulation. Elle se produit habituellement entre 13 et 15 jours avant le début des règles (15). Pour déterminer votre fenêtre de fertilité et votre date d'ovulation, vous pouvez suivre votre cycle, votre température basale quotidienne et faire des tests d'ovulation qui mesurent le taux de l'hormone lutéinisante (LH) à la maison.
Si la perte de poids et la stimulation ovarienne médicamenteuse ne fonctionnent pas, d'autres options existent. La chirurgie appelée perçage ovarien laparoscopique consiste à créer de petits orifices dans les ovaires par application de chaleur ou de laser (16). Cette chirurgie est aussi efficace que le traitement hormonal pour augmenter les taux d'ovulation et de grossesse, et elle est parfois utilisée lorsque la prise de médicaments n'a pas donné les effets escomptés (16). Une autre option est la fécondation in vitro (FIV) qui consiste à retirer chirurgicalement les ovocytes des ovaires et à les associer aux spermatozoïdes dans un laboratoire pour créer un embryon qui sera ensuite transposé dans l'utérus (13).
Les plantes et les compléments
Certains compléments alimentaires et plantes ont montré une certaine efficacité pour améliorer la fertilité des personnes atteintes du SOPK.
Selon certaines données, l'utilisation de la plante actée à grappe (Cimicifuga racemosa) pourrait aider à augmenter les taux de grossesse lorsqu'elle est prise seule ou combinée au clomifène (17,18). D'autres recherches sont nécessaires pour prouver que la consommation de cette plante ainsi que d'autres peuvent aider les personnes atteintes du SOPK à procréer.
L'inotisol est un complément alimentaire en vente libre qui augmenterait les chances d'ovuler et favoriserait les règles régulières chez les personnes atteintes du SOPK, mais pourrait causer un léger inconfort abdominal (19). Les compléments de vitamine D sont susceptibles d'augmenter les chances d'ovuler et de régulariser les cycles menstruels lorsqu'ils sont combinés à la metformine (20). Plus de recherches sont nécessaires.
Une grossesse saine
Certaines études montrent un taux plus élevé de fausses-couches chez les personnes atteintes du SOPK, mais d'autres recherches pointent des facteurs différents comme cause principale, comme le surpoids ou l'obésité, un âge plus élevé ou l'utilisation de traitement hormonaux (5,6,21,22,23).
Les personnes atteintes du SOPK qui sont enceintes courent plus de risques de souffrir de diabète gestationnel, d'hypertension artérielle gravidique ou de pré-éclampsie et d'accoucher prématurément (21,23). Avoir un indice de masse corporel sain avant la grossesse et limiter la prise de poids pendant celle-ci peut permettre d'éviter ces complications (22).
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