Exacerbation prémenstruelle : Santé mentale et SPM
*Traduction: Sarah Idrissi
Pour info : le terme « périmenstruel » est plus précis et il traduit mieux les diverses manières dont les personnes vivent les règles et la période qui les précède. « Prémenstruel » implique que les symptômes disparaissent dès le début des règles, ce qui n'est pas le cas pour tout le monde.
Je souffre d'anxiété depuis plus de dix ans et de dépression depuis environ un an. Je n'ai commencé à faire attention à mon cycle que lorsque je me suis mise à pratiquer la planification familiale naturelle (PFN)†. La PFN m'a permis d'avoir une compréhension précise de mon corps. Après une période de suivi des divers aspects de ma santé grâce à Clue, j'ai pu repérer les caractéristiques propres aux phases de mon cycle : j'étais très motivée pendant ma phase folliculaire, et j'avais des envies sexuelles et je rayonnais au moment de l'ovulation.
Puis j'ai remarqué que mon expérience prémenstruelle avait changé.
J'ai toujours eu des crampes, les seins gonflés, de l'acné et de l'irritabilité - mais mon énergie et mes symptômes émotionnels ont commencé à s'aggraver avant mes règles, à chaque cycle. Des variations d'humeur intenses, un grand désespoir, de la léthargie et beaucoup de pleurs. J'ai commencé à penser que j'étais atteint de TDPM, mais alors que la dépression s'insinuait dans ma vie et que mon anxiété grandissait, j'ai remarqué des fluctuations de mon humeur et de mon énergie tout au long de mon cycle. Je n’avais aucune idée de comment je me sentir ou fonctionner le lendemain. Dans les jours qui précédaient mes règles, le sentiment d'être dépassée s'intensifiait.
Le SPM est une réalité peu étudiée et largement méconnue. Trop souvent, le syndrome prémenstruel est banalisé en plaisantant, alors qu'il s'agit d'une expérience différente pour chacun·e. Il est inexact d'attribuer la mauvaise humeur prémenstruelle à la population en général. Cette croyance omniprésente doit être remise en question, car elle perpétue des concepts néfastes qui font l'amalgame entre la physiologie féminine innée et l'émotivité négative (1). Toutes les femmes ou personnes ayant un cycle n'ont pas une mauvaise expérience périmenstruelle.
D'accord, pour certaines personnes, le SPM c’est juste se disputer avec leur partenaire sur le type de lait non laitier à acheter et, 15 minutes plus tard, siroter un cappuccino au lait d'avoine, en blaguant : "Oh, le SPM !"
Mais il n'est pas aussi anodin pour tout le monde. Lorsque ma santé mentale s'est détériorée, ces petites disputes n'étaient plus liées à une période de mon cycle - et pendant ma phase prémenstruelle, elles semblaient bien plus graves et difficiles à ignorer.
Suis-je épuisé·e à cause du syndrome prémenstruel ou de la dépression ? Suis-je accablé·e de tristesse à cause de l'anxiété ou du syndrome prémenstruel ? Est-ce que je sanglote à cause de la dépression, du syndrome prémenstruel ou de l'anxiété ?
Telle est la confusion quand on a problèmes de santé mentale et un cycle. Le sentiment d'être épuisé·e et instable n'est pas spécifique à la phase prémenstruelle, mais pour certaines personnes, ces états peuvent vraiment s'aggraver pendant cette période.
Lorsqu'on est aux prises avec une difficulté émotionnelle, s'entendre dire "tu vas avoir tes règles?" ou se demander si on est en SPM peut sembler sexiste et dégradant. De plus, cela peut être contrariant quand on ne se sent pas bien, qu'on souffre en effet de sautes d'humeur prémenstruelles, et que oui, on est dans la phase périmenstruelle. Ajoutez la dépression et l'anxiété au mélange, et cette période est un véritable casse-tête.J'ai enfin trouvé une explication à mon désarroi grâce au terme « exacerbation prémenstruelle» : je
vais bientôt avoir mes règles et les symptômes de mes problèmes de santé mentale sont au taquet.
L'exacerbation prémenstruelle signifie que les conditions de santé mentale et physique sont dégradées en phase prémenstruelle.
Les symptômes prémenstruels exacerbés de l'anxiété, de la dépression, de l'asthme, des maladies inflammatoires de l'intestin et d'autres problèmes de santé mentale et physique peuvent s'amplifier, se chevaucher et être confondus avec les symptômes menstruels (2-4).
La pratique de la pleine conscience m'a aidé à mieux comprendre ce que je vis dans mon cerveau et mon corps. Tout comme le méthode d'observation du cycle exige une conscience accrue et un suivi minutieux de vos processus corporels, la présence attentive demande que vous prêtiez attention à votre conscience.
Lorsque j'entre dans la phase lutéale, je reconnais que je peux être plus susceptible de présenter des problèmes mentaux et physiques. J'ai appris à m'accorder le temps et les soins personnels supplémentaires dont j'ai besoin pendant la phase prémenstruelle. En affinant ma conscience par la méditation (sans aucune affiliation religieuse ou culturelle), j'ai commencé à bien reconnaître les douleurs et les schémas de pensées sombres et à en accepter l’intensité comme temporaire. Cela permet de ralentir l'engrenage infernal où je me suis souvent perdue.
La patience et la présence que je me suis accordée ont atténué ma souffrance. Il n'a pas été facile d’arrêter de me juger et d’arriver au sentiment d'être ancrée dans le présent ; cela demande beaucoup de pratique de la méditation (désolée si on dirait du jargon hippie), mais il est scientifiquement prouvé que cela apporte beaucoup de réconfort (5-7). L'exercice, la thérapie et la nutrition ont également énormément contribué à l'amélioration de ma condition mentale et de mon état de santé général.
Prenez soin de votre esprit comme vous le feriez pour le reste de votre corps.
Les émotions et le SPM ne devraient pas être aussi inséparables. Il n'est pas nécessaire de présumer du syndrome prémenstruel pour justifier une mauvaise humeur. Le stress quotidien, la santé physique, les conditions mentales et la vie sociale offrent souvent une meilleure explication à la variabilité de l'humeur que la phase du cycle menstruel (1).
Il est important de ne pas donner d'explications catégoriques ni d'excuses superficielles pour justifier les changements d'humeur d'une personne. Gardez cela en mémoire et respectez les expériences spécifiques de chacun·e. La phase périmenstruelle peut être une période très difficile pour certain·e·s, ou une excuse trop récurrente pour les actes misogynes et leur justification.
Lorsque vos troubles de l'humeur ont régulièrement des répercussions sur votre bien-être, il peut être bon d'en parler à votre prestataire de soins. Faire face à un problème de santé mentale peut être difficile, mais la reconnaissance est le premier pas vers le soulagement de la souffrance.
Apprenez à connaître votre corps. Faites le suivi de vos états mentaux, de vos émotions, de vos méditations, et plus encore dans Clue.
†Les prévisions de Clue ne sont pas adaptées pour éviter une grossesse et ne sont présentées qu'à titre d'information. Il n'est pas possible de prévoir précisément le moment de l'ovulation et la période de fécondité pour chaque cycle en se basant uniquement sur les statistiques recueillies par Clue.