Alcool et cycle menstruel
La consommation d'alcool a-t-elle un impact sur le cycle (ou non) ?
*Traduction : Alexandra Simon
L’essentiel à savoir :
Boire quelques verres pendant les vacances (ou avec modération à tout autre moment) ne va probablement pas perturber votre cycle
Il arrive que l'on boive davantage avant ses règles
Celleux qui consomment régulièrement des quantités excessives d'alcool peuvent avoir des cycles irréguliers, voire une aménorrhée
Toute personne ayant participé à la fête de fin d'année de son bureau peut en témoigner : l'alcool exerce un effet certain sur notre organisme sur le moment et éventuellement le lendemain matin. Qu'il s'agisse d'une diminution des inhibitions, d'une distorsion de la réalité ou d'une gueule de bois qui vous fait regretter tous les choix que vous avez faits au cours des dernières 24 heures, l'alcool peut avoir un impact sur votre esprit et votre corps, ainsi que sur votre cycle menstruel. Avec modération, l'alcool a probablement peu d'incidence sur notre cycle menstruel, mais il existe de nombreuses études contradictoires. Penchons-nous sur le sujet :
Le fait de boire quelques verres va-t-il perturber mon cycle ?
Les recherches (comme d'habitude) sont contradictoires et il n'y a pas de réponse claire. Certaines études montrent un lien entre la consommation d'alcool et des cycles irréguliers, mais seulement si cette consommation est chronique et abusive (1-3). Dans le cas d'une consommation modérée d'alcool, il se peut qu'il n'y ait pas de changement notable sur le fonctionnement du cycle menstruel (4). Au contraire, dans le cadre d'une étude, les personnes qui n'avaient pas consommé d'alcool présentaient davantage d'irrégularités dans leur cycle (5).
Ainsi, si vous consommez de l'alcool avec modération pendant les fêtes de fin d'année, votre cycle menstruel n'en sera probablement pas perturbé.
Cependant, les personnes qui ont une consommation chronique d'alcool peuvent présenter différents troubles menstruels, comme une aménorrhée (absence de règles pendant 3 mois ou plus), des cycles irréguliers ou une anovulation (absence d'ovulation pendant le cycle menstruel) (1-3,5).
Le cycle menstruel peut avoir une influence sur la consommation d'alcool
Certaines études suggèrent que l'alcool consommé pendant la phase lutéale (la seconde moitié du cycle menstruel) peut avoir un impact plus important sur votre état d'esprit que pendant la phase folliculaire. Les états dépressifs et anxieux sont plus marqués, de même que le sentiment de gaieté liés aux effets de l'alcool. La recherche a également démontré que les personnes présentant des symptômes associés au syndrome prémenstruel peuvent avoir tendance à consommer plus d'alcool lors de la phase prémenstruelle (6,7). Cependant, d'autres études ne révèlent aucun changement (7,8). Plus de recherches sont nécessaires.
Alcool et hormones
La consommation d'alcool affecte les taux d'hormones du corps. Après la prise d'alcool, de nombreuses études ont constaté une augmentation du taux d'œstrogènes, et parfois une augmentation de la testostérone et de l'hormone lutéinisante (LH) (4,5,9,10). Une étude particulièrement poussée a étudié la manière dont la consommation d'alcool affecte les taux d'hormones au cours des différentes phases du cycle menstruel (10). De nombreuses différences hormonales ont été constatées, telles qu'une augmentation du taux d'androgènes pendant la phase folliculaire, et une augmentation du taux d'œstrogènes autour de l'ovulation qui s'est maintenue pendant la seconde moitié du cycle (10). Il a été démontré que cet effet est plus marqué après une consommation excessive d'alcool (4). Cependant, les effets hormonaux d'une consommation modérée d'alcool n'ont pas entraîné de changements dans le cycle menstruel (4,10).
L'hépatite alcoolique et la cirrhose du foie sont associées à une consommation abusive et chronique d'alcool et à certains facteurs biologiques féminins : cela serait-il dû à nos hormones (11,12) ? De récentes recherches préliminaires sur des souris suggèrent qu'en cas de taux d'œstrogènes plus élevés, l'activité du centre de récompense du cerveau est plus importante, ce qui pourrait favoriser la sensation de satisfaction que procure l'alcool (13).
Certaines preuves indiquent également que la consommation faible à modérée d'alcool peut être un facteur de retardement de la ménopause, mais des recherches supplémentaires sont nécessaires dans ce domaine également (9,14,15).
L'alcool peut-il affecter la fertilité ?
Une étude récente suggère qu'il pourrait y avoir un lien entre une consommation faible à modérée d'alcool et une diminution de la fertilité (16). D'autres recherches ont établi un lien entre une consommation d'alcool plus élevée et une infertilité, alors que d'autres n'ont trouvé aucun lien (3,5). Les effets de l'alcool sur la fertilité pourraient être dus à une augmentation du taux d'œstrogènes qui inhiberait le développement folliculaire et l'ovulation, mais il ne s'agit là que d'une théorie (17).
Bien qu'il existe de nombreuses études portant sur les effets de l'alcool, il est difficile de tirer des conclusions définitives sur la manière dont l'alcool affecte ou non notre cycle. Quelques verres pendant les fêtes de fin d'année n'entraîneront probablement pas d'irrégularités menstruelles. Mais attention, si vous êtes en phase lutéale, vous risquez de boire plus que d'habitude.