La dysphorie de genre et votre cycle
Lorsque vous avez vos règles mais que vous n'êtes pas une femme, cela peut être source d'inconfort et d'anxiétéLorsque vous avez vos règles mais que vous n'êtes pas une femme, cela peut être source d'inconfort et d'anxiété
*Traduction: Sarah Idrissi
La dysphorie de genre se produit lorsqu'une personne éprouve de la détresse en raison d'une inadéquation entre son anatomie et son identité de genre. Avoir ses règles en tant que personne qui ne s'identifie pas comme une femme peut être source d'inconfort et d'anxiété, surtout lorsque bon nombre assimilent les menstruations à la féminité. Toutes les femmes n'ont pas de règles, et toutes les personnes qui ont des règles ne s'identifient pas comme des femmes.
Nous avons contacté la communauté trans, non binaire et non conformiste des utilisateur·ice·s de Clue pour leur demander quelles étaient leurs expériences pendant le cycle menstruel. Voici leurs réflexions sur la dysphorie de genre et les règles :
"Je finis généralement par m'habiller de façon plus masculine. Je préfère utiliser des tampons car ainsi je n'ai pas de rappel visuel de mes pertes de sang." - Anonyme
" En général, je fais de la dissociation pour échapper à la dysphorie. Je mets aussi régulièrement un binder quand que je sors et parfois mon apparence androgyne et ma poitrine plus plate aident." - Sam
Parfois, je me sens "pas assez trans" parce que la dysphorie des règles est une expérience très commune chez les personnes transmasculines. Je suis dysphorique quant à mon apparence physique et à la perception sociale, mais mes fonctions corporelles ne me dérangent pas." - Grey
Tout le monde a une expérience différente et des besoins distincts. Ce qui aide une personne peut empirer les choses pour une autre. Toutes les personnes trans ou non conformes dans le genre ne ressentent pas de dysphorie lorsqu'elles ont leurs règles, et toutes les personnes trans ne souhaitent pas subir une opération ou prendre des hormones. Vous seul·e pouvez savoir et décider ce qui vous convient le mieux, mais si vous êtes confronté·e à la dysphorie de genre pendant votre cycle menstruel, voici quelques conseils qui pourraient vous aider :
Trouvez les protections menstruelles idéales.
Vous voulez éviter le rayon rose et fleuri du supermarché ? Les serviettes réutilisables ou la coupe menstruelle peuvent être de bonnes solutions. Les coupes ne doivent être changées que deux fois par jour si votre flux est peu abondant. Les serviettes hygiéniques n'ont pas besoin d'être insérées, et si elles sont en tissu et réutilisables, on peut les changer discrètement sans le bruit désagréable de l'emballage. Vous pouvez les acheter ou fabriquer vous-même des boxers spécial protection hygiénique. Si vous trouvez les serviettes et tampons standard pratiques, vous pouvez toujours les acheter en ligne, les jours où votre dysphorie est basse, ou trouver d'autres solutions créatives pour rendre le processus moins stressant pour vous. Essayez plusieurs produits différents et voyez ce qui vous met le plus à l'aise.
Soulagez la douleur.
Vous pouvez gérer les crampes avec une bouillotte ou un coussin chauffant, des analgésiques, une douche ou un bain chaud. La masturbation est un autre remède populaire, tout comme le chocolat. Les étirements ou l'exercice physique peuvent atténuer la douleur et vous procurer une dose d'endorphine.
Trouvez des sources d'affirmation.
Aux moments difficiles de votre cycle, ou chaque fois que vous ressentez de la dysphorie, essayez de faire ou de dire des choses qui affirment votre identité, comme porter votre tenue préférée. Des vêtements dans lesquels vous vous sentez bien et qui affirment votre genre peuvent faire une énorme différence, tout comme le binder (pour aplatir votre poitrine) ou le packing (rembourrer vos sous-vêtements comme pour former un pénis).
"Je porte mon binder à la maison et j'essaye des tenues. Parfois, je me promène et je tombe accidentellement sur quelqu'un, qui me dit : "Désolé, mec !". C'est toujours sympa." - Anonyme
Demandez du soutien.
Partagez vos sentiments et trouvez le soutien d'autres personnes transgenres pour vous rappeler que vous n'êtes pas la seule personne à traverser cette épreuve. Ou bien, adressez-vous à un·e ami·e cisgenre, un·e membre de votre famille ou un·e thérapeute qui vous soutient. Vous pouvez également écrire dans votre journal ou sur votre blog, câliner un animal tout doux, écouter de la musique qui vous remonte le moral ou discuter anonymement avec une personne d'une ligne d'assistance LGBTQIA comme L’Association Nationale Transgenreou (France). N'oubliez pas que les règles ne font pas de vous une femme, pas plus qu'avoir des mamelons ne fait de quelqu’un·e une mère. Les personnes de tous les sexes peuvent avoir des règles et en ont.
Arrêtez vos règles.
Vous pouvez décider d'arrêter ou de réduire la fréquence et l’intensité de vos règles en prenant une contraception hormonale. Elle peut prendre la forme de pilules, d'une injection (ex: Depo-Provera®), d'un implant, d'un anneau ou d'un stérilet hormonal. Certaines personnes constatent que la prise de testostérone arrête leurs menstruations, mais d'autres continuent d'avoir leurs règles ou du spotting même après des mois de traitement. Vous pouvez en apprendre davantage sur la testostérone et le cycle dans un article précédent.
Une façon plus permanente d'arrêter vos règles est l'hystérectomie (ablation chirurgicale de l'utérus), bien qu'il puisse être difficile de trouver des médecins qui la pratiquent et une assurance maladie qui la couvre. Discutez avec votre prestataire de soins de santé pour trouver la meilleure option pour vous. Si vous avez besoin d'aide pour accéder à des soins de santé appropriés, nous avons rédigé un guide pour trouver un·e gynécologue-obstétricien·ne trans friendly.
Trouvez un petit nom pour vos règles.
Pourquoi ne pas rebaptiser vos ovaires "Bro-vaires", ou bien les appeler par leur nom scientifique. Employez les mots qui marchent pour vous. Les menstruations ne sont pas un "problème de femmes", c'est un problème pour les personnes qui ont des règles. Les corps et les parties du corps n'ont pas besoin d'être genrés. Disons simplement « les personnes qui ont des règles" ou « les personnes qui menstruent". C'est aussi simple que ça !
"Je ne vois pas la nécessité d'un langage codé. En général, je dis simplement : "Je suis en train de mourir". C'est juste mon humour fataliste qui se manifeste." -Anonyme
Dans l'application Clue, nous faisons de notre mieux pour rester neutres en termes de genre, mais dans certains de nos supports marketing, nous utilisons encore le terme "féminin" pour décrire ce que nous faisons et être accessibles aux personnes qui ne sont pas familières du langage évolutif autour de la menstruation et du genre.
Soyez sympa avec vous-même
Pas besoin de vous mettre trop de pression pour tout résoudre tout de suite, concentrez-vous plutôt sur la recherche de solutions pour vous-même, une par une. Grandir dans une société qui se conforme (la plupart du temps) au binaire des genres donne l'impression que le genre est intrinsèque aux parties de notre corps. Il faut du temps pour défaire le conditionnement social qui nous a amené·e·s ici, alors soyez patient avec vous-même lorsque vous commencez à désapprendre ce lien.Essayez de vous rappeler que vos règles ne sont pas masculines ou féminines, et qu'elles ne font pas de vous un homme ou une femme. Elles existent juste. Et c'est ok.
Faites un suivi.
Vous voulez savoir si votre dysphorie fluctue à certains moments de votre cycle ? Vous avez commencé un traitement hormonal, ou en avez changé, et vous voulez noter les évolutions dans les saignements, les crampes ou l'humeur ?
Téléchargez Clue et commencez votre suivi dès aujourd'hui. Cet article a été mis à jour le 14 mai 2020.