Organes génitaux masculins : normes biologiques vs. les attentes de la société
*Traduction : Sarah Idrissi
Lorsqu'on pense au pénis, les premières pensées qui viennent probablement à l'esprit sont les mots "grand" ou "petit". Tout comme pour les seins, les pénis présentent des caractéristiques qui dépassent les représentations binaire de la taille : « grand » ou « petit ».
Les organes génitaux externes de l'homme sont constitués du pénis et des testicules. Le pénis est défini comme l'organe érectile de la copulation par lequel l'urine et le sperme sont évacués du corps, c'est-à-dire la partie du corps utilisée pour le sexe qui excrète l'éjaculation et l'urine. Les testicules sont définis comme une glande reproductrice masculine typiquement appariée qui produit des spermatozoïdes et sécrète de la testostérone, familièrement appelée "couilles", qui sont contenues dans le scrotum (1, 2).
Pour ce qui est de l'esthétique des organes génitaux masculins, on se concentre principalement sur la circoncision et la taille du pénis.
La circoncision
La circoncision est l'ablation du prépuce - la barrière protectrice située sur le bout du pénis - pour des raisons culturelles, sociales, médicales ou religieuses (souvent chez les personnes de confession juive ou musulmane). Selon l'Organisation mondiale de la santé, la circoncision est probablement l'intervention chirurgicale la plus courante dans le monde.
Elle est généralement effectuée au cours de la petite enfance comme une simple intervention et est courante aux États-Unis, au Canada, en Afrique occidentale, en Australie et en Nouvelle-Zélande, où environ 8 hommes sur 10 sont circoncis. La circoncision des adolescents et des adultes est plus compliquée, mais possible lorsqu'elle est effectuée dans un cadre médical approprié (3).
La circoncision est si courante aux États-Unis que les pénis non circoncis sont fréquemment stigmatisés. En comparaison, moins de 2 hommes sur 10 en Europe et en Amérique du Sud sont circoncis (3).
Les gens s'interrogent sur l'éthique et la nécessité de la circoncision ; certain·e·s pensent qu'il pourrait s'agir d'une violation des droits de l'Homme (car elle n'est pas consensuelle pour les nourrissons) et demandent plus de transparence sur les bienfaits médicaux. L'ablation du prépuce étant presque universelle aux États-Unis, les parents craignent également que si leur enfant n'est pas circoncis, il soit confronté aux moqueries, et à la honte dans les situations sexuelles ou dans les vestiaires.
Cependant, la recherche a démontré que la circoncision présente des avantages pour la santé, une position soutenue à la fois par l'OMS et les CDC des États-Unis (centre pour le contrôle et la prévention des maladies). Les études ont montré que les hommes circoncis sont près de 60 % moins susceptibles de contracter le virus de l'immunodéficience humaine (VIH) par un·e partenaire infecté·e - et sont également un peu plus protégés contre d'autres IST, notamment le papillomavirus humain (HPV) et l'herpès génital (4). Des preuves montrent que les caractéristiques de la partie interne du prépuce présentent une plus grande susceptibilité à l'infection par le VIH (5, 6). De plus, des études ont montré que les partenaires femmes des hommes circoncis présentent un risque réduit de papillomavirus humain (HPV) et de vaginose bactérienne (7).
Parmi les autres préoccupations concernant la circoncision, on trouve la crainte d'une diminution de la fonction sexuelle, de la sensibilité et/ou du plaisir du pénis, mais la plupart des études constatent peu de différence, ce qui suggère que ces facteurs dépendent largement des expériences individuelles (8-10).
L'ethnicité, les croyances religieuses, les normes sociales et les bénéfices sanitaires et sexuels perçus sont les facteurs moteurs de la circoncision (3). Avec une controverse et une prévalence variables dans le monde, le comportement sexuel et les attitudes sociales sont les principaux éléments pertinents pour la question du prépuce. Le respect de l'hygiène du pénis et la pratique de rapports sexuels protégés contribuent à prévenir les infections et les maladies, et sont nécessaires avec ou sans prépuce.
Les raisons de procéder à la circoncision, ou de l'éviter, varient. Personne ne devrait avoir honte d'avoir, ou de ne pas avoir, de prépuce.
Taille
Les traits héréditaires et l'évolution sont des facteurs déterminant la variation de la taille du pénis, parmi lesquels figurent le choix de la partenaire, la génétique et l'exposition du fœtus aux hormones.
La longueur du pénis a toujours été une source d'obsession en matière d'image corporelle masculine. Un long pénis est généralement associé à des caractéristiques traditionnellement masculines - comme la puissance, la domination et la force - ainsi qu'à un outil de plaisir sexuel de qualité supérieure (11). On a constaté que la taille sert de facteur psychosocial dans de nombreuses relations sexuelles.
Mais contrairement à la croyance populaire, dans les relations hétérosexuelles de nombreuses personnes perçoivent la largeur du pénis comme un facteur plus important de leur satisfaction sexuelle, l'idée d’ampleur étant plus satisfaisante sur le plan psychique et psychologique. L'accent mis sur la grosseur s'explique également par le fait que la base du pénis sert de source de stimulation accrue du clitoris et des organes génitaux externes (12).
Dans le cadre de l'activité sexuelle homosexuelle masculine, les personnes dont le pénis était généralement plus gros étaient plus susceptibles de s'identifier comme "tops" (insertion anale), le rôle apparemment dominant. Les personnes ayant un pénis de petite taille étaient plus susceptibles de s'identifier comme des "bottoms" (réceptifs anaux), la position en apparence soumise (13).
La taille du pénis ne devrait pas déterminer le succès ou l'échec d'une expérience sexuelle. Les organes génitaux et leurs caractéristiques ne devraient pas déterminer la façon dont une personne se comporte, se sent et choisit de se présenter (dans et en dehors de la chambre à coucher). Le plaisir n'est pas seulement lié à un simple objet pénétrant et implique de nombreux autres facteurs tels que l'intimité, la position, le rythme et plus encore (14).
La taille n'a pas d'importance
La taille n’a que l'importance que vous lui donnez. Circoncis·e ou non, toute personne possédant un pénis devrait avoir une bonne hygiène et pratiquer le sexe protégé pour une santé reproductive optimale.
En outre, les caractéristiques des organes génitaux masculins ont moins d'impact sur l'attirance qu’ont les personnes de préférence hétérosexuelle, la personnalité et la propreté externe étant les priorités (11).
L'attirance et le plaisir sexuels dépendent de bien d'autres traits cruciaux que les caractéristiques du pénis, comme le fait de vouloir sincèrement satisfaire un·e partenaire, la communication des besoins, la connexion émotionnelle, le respect, la confiance, et bien plus encore.