Végétarisme, véganisme et cycle menstruel
En quoi le fait d'être végan·e ou végétarien·ne affecte-t-il les règles
*Traduction : Alexandra Simon
Ce n'est un secret pour personne : notre alimentation a un impact sur la santé et des effets spécifiques sur l'organisme. Certains régimes alimentaires passent de mode du jour au lendemain, tandis que d'autres perdurent pendant des siècles. De nombreuses personnes optent pour un régime alimentaire sélectif ou restrictif en choisissant notamment de ne pas manger de viande ou de produits d'origine animale.
Le végétarisme et le véganisme bien conduits (ou bien assimilés) sont des régimes sains à toutes les étapes de la vie, y compris pendant la grossesse (1, 2). Ils présentent de nombreux avantages pour la santé, tels que la diminution du risque de diabète, d'hypercholestérolémie, de cancer, de troubles et maladies liés au surpoids (3,4). En ce qui concerne le cycle menstruel, peu d'études ont été menées sur l'impact éventuel d'un régime sans viande sur les règles.
Ceci étant dit, voici quelques éléments de réponse quant aux effets du végétarisme ou du véganisme sur le cycle menstruel.
Carence en fer
Les personnes qui ne consomment pas de produits à base de viande ont un plus grand risque de présenter une carence en fer (5,6). Un faible taux de fer dans le sang est l'une des carences nutritionnelles les plus courantes et constitue la première cause d'anémie dans le monde, en particulier chez les femmes et les personnes ayant un cycle. On estime que 1,62 milliard de personnes dans le monde souffrent d'anémie (7,8). Un taux de fer bas dans le sang peut résulter d'une perte importante en fer, ou d'un apport ou d'une absorption inadéquate de ce dernier (7). Les personnes menstruées perdent chaque mois du sang contenant du fer pendant leurs règles, ce qui, associé à un faible apport en fer dû au fait qu'elles ne consomment pas de viande, peut augmenter encore plus le risque de présenter une carence.
La viande a une teneur en fer plus élevée que les aliments d'origine végétale, notamment en fer héminique, dont la forme est mieux assimilée. Les personnes qui ne mangent pas de viande ne bénéficient donc pas de ce fer héminique (6). Les aliments d'origine végétale contiennent également du fer sous une forme non hémique, mais cette source de fer n'est pas aussi facilement absorbée. Voici quelques exemples d'aliments d'origine végétale riches en fer : légumes à feuilles vertes, haricots, lentilles, tofu, céréales (quinoa, riz brun, flocons d'avoine), fruits secs, noix (7,9). Si vous êtes ovo-pescatarien·ne, vous pouvez consommer abondamment des œufs, du poisson et des crustacés, qui constituent une excellente source en fer (7,9).
Comme la viande contient une source de fer plus facilement absorbable, les personnes qui n'en mangent pas doivent veiller à intégrer suffisamment de fer à leur alimentation par le biais d'autres sources. Les personnes qui ont des règles abondantes doivent s'assurer que leur taux de fer est suffisant, car elles ont plus de risques de souffrir d'anémie ferriprive, étant donné qu'elles perdent une plus grande quantité de sang (qui contient du fer) chaque mois.
Une carence en fer peut entraîner une diminution des performances physiques et intellectuelles, un affaiblissement du système immunitaire et des complications au cours de la grossesse (6,7). Les symptômes courants associés à l'anémie ferriprive sont les suivants : fatigue, vertiges, maux de tête, essoufflement, pâleur, ongles cassants et gerçures aux coins de la bouche (7).
Si vous pensez avoir un taux de fer bas, limitez la consommation de thé, de café ou de lait pendant ou juste après les repas (9,10). Les tanins (contenus dans le thé) et le calcium (contenu dans le lait) peuvent empêcher l'absorption du fer (9,10). Consommez des aliments riches en vitamine C avec des aliments contenant du fer pour en améliorer son absorption (9,10).
Si votre taux de fer vous préoccupe, consultez votre médecin. Si vous ne réussissez pas à faire remonter votre taux de fer uniquement avec votre alimentation, votre médecin pourra vous conseiller de prendre des compléments de fer (11).
Durée du cycle
Il est difficile de déterminer si le végétarisme ou le végétalisme, en particulier, a un impact sur le cycle menstruel, car les populations végétariennes diffèrent souvent du reste de la population au-delà d'un simple paramètre nutritionnel.
Dans une petite étude qui contrôlait certains de ces paramètres, tels que le poids, l'âge et les habitudes alimentaires sur le long terme, les différences de durée des cycles entre les carnivores et les non carnivores n'étaient pas significatives (12). Cependant, si l'on compare la santé du cycle, les personnes végétariennes sont plus nombreuses à avoir des cycles ovulatoires normaux que les personnes qui consomment de la viande (12). Plus de recherches sont nécessaires.
En général, les personnes qui ne mangent pas de viande ont tendance à avoir un poids moins élevé (6,13-16). Si l'on tient compte des facteurs liés au mode de vie, les personnes végétariennes ont également tendance à être plus sportives (6). Le régime alimentaire et l'exercice physique sont importants pour la santé générale et à long terme.
Peu d'éléments permettent d'établir un lien entre la consommation de viande et des variations au niveau du cycle. Cependant, les personnes souffrant de troubles de l'alimentation (comme l'anorexie) sont plus nombreuses à avoir suivi un régime de type végétarien dans le passé comme moyen de contrôler leur poids ou de limiter leur consommation de nourriture (13,17). Des données démontrent un lien entre une restriction calorique extrême et des changements de durée du cycle (18-20).
Les symptômes prémenstruels et menstruels peuvent être accentués par le végétarisme
Dans une étude expérimentale menée sur une population australienne, il a été démontré que les personnes végétariennes présentaient une augmentation des symptômes prémenstruels et menstruels, ainsi que des cycles irréguliers et des règles plus abondantes (6). Les chercheur·euse·s ne connaissent pas l'origine de cette différence entre les personnes qui mangent de la viande et celles qui n'en mangent pas. Celle-ci pourrait être potentiellement due à des variations des taux de fer, ou peut-être à des divergences dans les données fournies par la population végétarienne (6).
De plus, les populations végétariennes de cette étude étaient plus nombreuses à souffrir de troubles de la santé mentale comme de dépression, de crises de panique, d'automutilation et de troubles du sommeil (6). On ignore si ces facteurs ont un effet sur la santé menstruelle ou prémenstruelle, mais il s'agit néanmoins de marqueurs de santé importants à connaître. Parler de ces symptômes avec un·e professionnel·le de santé vous aidera à trouver un traitement, que vous soyez végétarien·ne ou non.
Continuez le suivi avec Clue app
Que vous mangiez de la viande ou non, votre alimentation a un impact sur votre santé. Les effets d'un régime sur l'organisme différe pour tout le monde. Le suivi des émotions, du sommeil, de l'énergie et de la motivation est un excellent moyen de repérer ces effets. De plus, en ajoutant des tags dans Clue, vous pourrez personnaliser vos symptômes. Si vous pensez que quelque chose ne va pas, parlez-en à un·e professionnel·le de santé. Ses conseils vous permettront de prendre des décisions éclairées sur ce qu'il convient de changer.