À quoi s'attendre dans les jours qui suivent une interruption volontaire de grossesse
Si vous avez accès à l'avortement légal, voici à quoi vous attendre.
Les principales choses à savoir sur les jours qui suivent une IVG :
Après un avortement médicamenteux, attendez-vous à des saignements
Les crampes sont courantes après un avortement procédural ou médicamenteux
Vous pouvez avoir des relations sexuelles après une IVG quand vous vous sentez prêt·e
L'avortement est un processus courant, sûr, efficace, et il sauve des vies (1). En tant que gynécologue obstétricienne certifiée qui soigne toutes les personnes enceintes, quel que soit l'issue de la grossesse, c'est la chose la plus importante que je puisse dire à quiconque ayant subi un avortement.
Bien que certaines législations dans le monde puissent exiger une consultation en clinique préalable, de nombreuses personnes n’en ont pas réellement besoin avant de se faire avorter. Encore plus de personnes n'ont pas besoin d'une consultation de suivi après un avortement. Cet article vise à vous permettre de savoir ce qui vous attend après une interruption volontaire de grossesse du point de vue et de l’opinion d’une gynécologue obstétricienne qui prodigue des soins d’avortement dans diverses régions des États-Unis. Il n'a pas vocation à fournir des conseils médicaux personnalisés ou à remplacer ceux que vous pourriez avoir reçu de la part de votre professionnel·le de santé.
Comme l'explique Dr Moayedi, vous devez contacter votre professionnel·le de santé ou chercher de l'aide si, à tout moment après votre avortement, vous imbibez plus de 4 serviettes hygiéniques en 2 heures, vous ressentez des douleurs que les médicaments ne soulagent pas, vous avez plus de 38°C/100,4°F de fièvre, ou vous vous évanouissez/perdez connaissance.
Savoir ce qui se passe après un avortement peut vous aider à comprendre ce qui est normal ou à déceler ce qui nécessiterait une consultation de suivi. Je vais donc vous expliquer ce à quoi vous attendre juste après un avortement, de la douleur aux saignements. La plupart des patient·e·s veulent savoir quand iels pourront reprendre le travail, le sport, les rapports sexuels et toute autre activité quotidienne après avoir subi une interruption volontaire de grossesse. Je répondrai donc aussi à ces questions courantes.
À quoi s'attendre après un avortement médicamenteux
Aux États-Unis, un avortement médicamenteux implique souvent la prise de deux médicaments : le mifépristone et le misoprostol. Juste après la prise de mifépristone, la plupart des individus ne remarquent pas d'effets secondaires significatifs. Parfois, du spotting ou des saignements surviennent (2, 3). Dans ce cas, le misoprostol doit quand même être pris comme indiqué (2, 3). D'autres symptômes, comme des maux de tête, ont été signalés (3), mais restent rares.
Si vous vomissez le mifépristone juste après l'avoir ingéré, contactez votre professionnel·le de santé pour savoir si une autre dose est nécessaire : vous pourriez avoir régurgité le médicament. Avant de prendre le mifépristone ou juste après, vous devriez savoir à quel endroit vous prendrez le médicament suivant, le misoprostol. Essayez d'être dans un espace confortable, avec un accès aux toilettes pour pouvoir gérer vos saignements comme vous l'entendez. Les saignements peuvent commencer dans l'heure qui suit la prise de misoprostol (4), je vous recommande donc de prendre ce médicament à l'endroit où vous avez prévu de passer la procédure et d'y rester. Évitez de conduire ou d'être en déplacement après la prise de misoprostol, lorsque votre organisme expulse le tissu embryonnaire.
À quoi s'attendre après un avortement instrumental
Un avortement instrumental, également appelé avortement chirurgical, est une procédure durant laquelle le contenu de l'utérus est retiré, en général par aspiration. La plupart des patient·e·s restent sous surveillance médicale entre 5 minutes à une heure après un avortement chirurgical, en fonction de la durée de gestation (le nombre de semaines de grossesse), des sédatifs administrés, de la législation en vigueur ou des politiques de l'établissement. La plupart d'entre iels peuvent conduire dans le cas d'un avortement instrumental effectué durant le premier trimestre de la grossesse sans sédatifs. Si des sédatifs vous ont été administrés, vous devrez être raccompagné·e. La plupart des individus ressentent de la faim après une IVG chirurgicale, et il n'est généralement pas contrindiqué de manger après la procédure.
Le Rhogam après un avortement
Si votre groupe sanguin est de rhésus négatif, votre professionnel·le de santé pourrait vous conseiller de prendre un médicament appelé le Rhogam dans les 72 heures qui suivent l'avortement. Cette injection vous protège contre une protéine sanguine qui pourrait être dans le sang du fœtus et se mélanger au vôtre. Le professionnel·le de santé en charge de votre avortement sera en mesure de vous dire si vous avez besoin ou non de l'injection en fonction de ses propres directives cliniques.
Les saignements après l'avortement varient
La quantité et la durée des saignements après une IVG dépendent du type de procédure subi, de la durée de gestation au moment de l'intervention et de vos antécédents médicaux et de grossesse (2, 5). La plupart des personnes signalent des saignements intermittents allant de quelques jours à six semaines après un avortement. Les saignements peuvent s’arrêter et reprendre et ne suivent pas toujours le schéma typique des règles (saignements forts à légers). Dans la mesure où l'ovulation est possible dès 2 semaines après un avortement, les saignements menstruels sont souvent attendus environ 4 à 6 semaines après une IVG (5). En règle générale, vous pouvez vous attendre à des saignements plus intenses après un avortement médicamenteux qu’après un avortement instrumental (3).
Après l'intervention, votre clinique pourrait vous prescrire un « repos pelvien » ou vous déconseiller d'utiliser des tampons pendant 2 à 4 semaines. Toutefois, aucune donnée médicale ne vient étayer ces recommandations. Je conseille généralement aux patient·e·s de ne pas utiliser de tampon pendant que l’organisme rejette le contenu de l'utérus lors d’un avortement médicamenteux (après la prise de misoprostol) car les tissus doivent être expulsés du corps. Une fois que cela est fait et que le processus d’avortement médicamenteux est terminé, vous pouvez à nouveau utiliser des tampons.
Contrairement aux tampons, les coupes menstruelles peuvent être utilisées sans danger tout au long de la procédure d’avortement médicamenteux. Les coupes menstruelles peuvent chacune contenir un certain volume de flux, et suivre le nombre de fois où vous l'avez vidée pendant l’avortement médicamenteux peut aider votre professionnel·le de santé à savoir si vos saignements sont normaux. Comme mentionné précédemment, si vous imbibez 4 serviettes hygiéniques en 2 heures après un avortement, vous devez contacter un professionnel·le de santé (3).
Alors, comment s'y prendre avec une coupe menstruelle ? Une serviette hygiénique large ou pour flux abondant peut contenir environ 15 à 18 ml de sang, donc 4 serviettes hygiéniques imbibées absorberaient entre 60 et 72 ml de sang en 2 heures. La capacité en volume d'une coupe menstruelle varie selon les modèles, allant de 20 à 70 ml. Vous devriez vérifier la capacité de la vôtre afin de déterminer combien de fois elle devrait être remplie pour atteindre environ 70 ml en 2 heures.
La douleur après un avortement peut évoquer des crampes ou des pressions
Il est courant de ressentir des crampes, une sensation de pression ou de douleur pendant ou juste après un avortement, quel qu'en soit le type (3, 6). Les sensations qui suivent l'intervention peuvent ressembler à de fortes crampes menstruelles ou à des crampes diarrhéiques (6). Elles ne durent généralement que quelques jours (6).
La plupart des patient·e·s parviennent à soulager la douleur ressentie après une IVG en prenant des doses plus élevées d’ibuprofène (800 mg toutes les 8 heures) et en utilisant un coussin chauffant. Les personnes allergiques ou pour qui l’ibuprofène est contrindiqué, et celleux souffrant de douleurs complexes pourraient avoir besoin de prendre des comprimés narcotiques pour se sentir mieux. Certain·e·s professionnel·le·s prescrivent régulièrement des comprimés narcotiques pour aider le·la patient·e à gérer la douleur pendant un avortement médicamenteux ou instrumental au deuxième trimestre, et d’autres ne le font pas forcément. Si votre douleur ne passe pas avec de fortes doses d’ibuprofène ou les médicaments narcotiques qui vous ont été prescrits, contactez votre professionnel·le de santé.
La durée de votre d’arrêt de travail et de sport après un avortement dépend de vous
Dans un monde juste et équitable, chaque personne aurait le droit à des congés payés pour se rétablir physiquement et émotionnellement après toute grossesse, qu'elle se termine par un avortement, une fausse couche, une grossesse ectopique (extra-utérine) ou une naissance.
Le moment où vous pourrez retourner au travail dépendra de vous et de votre rétablissement, et il est différent pour chacun. La récupération physique et émotionnelle varie pour chaque personne et chaque grossesse. Certain·e·s personnes souhaitent subir une intervention le matin et reprendre le travail le soir même. D'autres auront besoin d'un mois pour récupérer émotionnellement avant de retourner au travail. C'est parfaitement normal dans les deux cas.
Si votre travail implique un effort physique, envisagez de prendre au moins un ou deux jours de congé après votre avortement pour récupérer au mieux. Si vous travaillez à domicile ou pouvez vous asseoir la majeure partie de votre journée de travail, vous pourrez probablement reprendre le travail le lendemain de votre avortement. Ne retournez pas au travail le jour même si vous avez subi un avortement instrumental avec prise de sédatifs. Si subissez une IVG médicamenteuse, vous pouvez retourner au travail après avoir pris la mifépristone et avant de prendre le misoprostol.
Vous pouvez reprendre le sport quand vous vous sentez prêt·e (7). Toutefois, les jours qui suivent une IVG ne sont peut-être pas le meilleur moment pour commencer un nouveau programme, vous mettre à l’haltérophilie ou opter pour un entraînement à haute intensité. Si vous avez l'habitude de vous entraîner une fois par jour et que vous avez envie de le faire après votre avortement, écoutez votre corps. Commencez doucement et reprenez votre rythme habituel petit à petit, au fil des jours et des semaines. Si vos saignements ou vos douleurs s'intensifient après un exercice particulier, ralentissez et calmez le rythme.
Accordez à votre corps le temps dont il a besoin pour récupérer.
Vous pouvez avoir des relations sexuelles après une IVG quand vous vous sentez prêt·e
Vous pouvez avoir des relations sexuelles vaginales après un avortement dès lors que vous vous sentez prêt·e (7). Après l'avortement, votre professionnel·le de santé pourrait vous conseiller d’attendre 2 à 4 semaines, mais cette recommandation n'est pas étayée par des preuves scientifiques (5). N’ayez pas de relations sexuelles vaginales le jour où vous prenez le misoprostol ou pendant l'expulsion du tissu embryonnaire. Évitez-les également si des dilatateurs cervicaux vous ont été placés les heures précédant un avortement instrumental de deuxième trimestre de grossesse.
En savoir plus sur l'avortement
Votre expérience après l'avortement dépendra de l'intervention, du nombre de semaines de grossesse et de vos antécédents médicaux. Il est toujours intéressant de savoir quelle pourrait être l'intensité de vos saignements et des douleurs que vous pourriez ressentir afin de pouvoir vous faire une idée précise. Vous pourrez peut-être poursuivre certaines activités normalement une fois l'avortement passé, tandis que d’autres personnes devront attendre quelques jours.
Vous pouvez exclure de l'app Clue un cycle inhabituel qui résulte de changements tels qu'une grossesse, une fausse couche ou un avortement.
Dans notre deuxième article, le Dr Moayedi vous explique à quoi vous attendre dans les jours et les semaines qui suivent un avortement et comment aborder des sujets tels que la contraception, votre IVG, les idées reçues sur le sujet et la santé mentale après une telle intervention.
Index terminologique
Interruption volontaire de grossesse : L'interruption volontaire de grossesse est un terme utilisé pour distinguer l'avortement d'une fausse couche. Une fausse couche définit « avortement spontané », alors que ce que nous considérons communément comme un « avortement » est un acte provoqué (3).
Avortement médicamenteux : l’avortement médicamenteux fait référence à n’importe quel médicament ou combinaison de médicaments pouvant provoquer une interruption de la grossesse (3). Des protocoles d’IVG médicamenteuse peuvent également être utilisés pour faciliter un avortement spontané ou une fausse couche. Avant l’invention de la mifépristone, l’avortement médicamenteux se faisait généralement en combinant le méthotrexate et le misoprostol (8). Actuellement, la plupart des IVG réalisées aux États-Unis combinent le mifépristone et le misoprostole (3). Dans le monde, l’association mifépristone/misoprostol est privilégiée, ou le misoprostol est utilisé en monothérapie, parfois en doses multiples pour plus d'efficacité (9). L’avortement provoqué au cours du deuxième trimestre avec de l’ocytocine est également un type d’avortement médicamenteux, tout comme les autres méthodes d’induction impliquant des produits pharmaceutiques (9). Pour parler d'IVG médicamenteuse, on emploie aussi les termes « pilule abortive » ou « RU-486 ». Il sont à distinguer de la contraception d’urgence ou « pilule du lendemain ».
Avortement instrumental : l'avortement instrumental est également appelé avortement chirurgical, avortement par aspiration, dilatation et curetage (D&C), ou dilatation et évacuation (D&E) (10).